
« Banlieue, je crois que cela veut dire lieu banni »,
Kamel Khélif, 2002
Banlieue, lieu banni, le jeu de mot est facile et correspond sans doute à une certaine image de la banlieue, mais il n’est nullement fidèle à l’étymologie. La « banlieue » n’est pas à l’origine un territoire d’exclusion. Le terme est certes apparenté au bannissement et à l’abandon, mais il faut également le rattacher à l’aubaine, avantage inespéré qui se présente à l’improviste.
Tous ces mots ont en commun le radical « ban » qui désigne assez largement, en francique puis en ancien français, la parole ayant force de loi et la juridiction d’un chef. Par métonymie, il en vient également à qualifier les territoires sur lesquels elles s’exercent et les individus qui y ont titre. Au Moyen Âge, il s’agissait principalement des nobles appelés à combattre pour leur seigneur lorsque celui-ci jugeait nécessaire de « lever le ban », c’est-à-dire de convoquer les troupes de ses vassaux.
La ban-lieue désignait alors simplement le territoire sur lequel s’appliquait la juridiction du seigneur. Elle s’étendait autour du siège du pouvoir sur un périmètre d’une « lieue », unité de mesure variable selon les régions et les époques.
Il n’était donc pas question de « lieu banni », les indésirables se trouvant, en toute logique, exilés hors du territoire du seigneur : de la banlieue.
A suivre….
Faubourgs ou « faux bourgs » ? : Entre intégration et exclusion